Le gouvernement vient d’annoncer qu’il renonce à un projet susceptible d’absorber un trafic de 85 000 poids lourds par an, soit 7 % du trafic sur 1 000 km entre le Pas-de-Calais et les Landes : « trop coûteux, non rentable, trop gênant pour les riverains » : alors que l’autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg est un succès, la Fnaut dénonce une décision incompréhensible.
Trop coûteux ?
375 millions d’argent public : c’est moins de la moitié de la somme qui sera versée par l’Etat à la société Ecomouv suite à l’abandon de l’écotaxe… La Fnaut rappelle qu’un centime de taxe additionnelle sur le gazole peut rapporter 400 millions d’euros par an à l’Etat.
Non rentable ?
La rentabilité financière calculée par l’Etat repose sur les conditions actuelles de concurrence entre le rail et la route, dont tous les économistes reconnaissent qu’elles sont inéquitables : le transport routier de marchandises recourt massivement à la fraude (non respect de la réglementation du travail et du code de la route) et au dumping social.
Et ce qui importe, c’est la rentabilité socio-économique. Or le projet permettait de réduire une partie des coûts externes (congestion de la voirie, accidents, bruit et pollution de l’air, émissions de gaz à effet de serre) engendrés par le trafic des poids lourds et assumés par la collectivité.
Trop gênant pour les riverains ?
L’argument environnemental est étonnant : en 2014, le projet avait été reconnu par le ministère de l’Ecologie comme étant d’intérêt général, bénéfique pour l’environnement et la sécurité (http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-autoroute-ferroviaire-Atlantique.html).
La gêne créée par les plateformes terminales de l’autoroute ferroviaire atlantique pouvait être encore atténuée par des mesures d’un coût acceptable. Et les très nombreux riverains des grands axes routiers, en particulier dans les zones urbaines, ne sont-ils pas gênés par les poids lourds ? Les poids lourds ne contribuent-ils pas aux pics de pollution de l’air ? Une fois de plus, le gouvernement fait passer les intérêts du lobby routier avant ceux de la population.
Pour la Fnaut, les effets d’annonce sur l’excellence environnementale et la transition énergétique ne suffisent pas. Et l’organisation de la prochaine conférence internationale sur le climat à Paris doit se traduire par des décisions concrètes cohérentes.