La Fnaut relaye une position de la FNE concernant les méga-camions. L’Europe s’apprête à leur ouvrir un méga-boulevard, ce qui est en contradiction totale avec les objectifs de report modal du Green Deal.
En contradiction totale avec les objectifs de report modal du Green Deal, le Parlement européen est sur le point d’adopter, la semaine prochaine, la révision de la directive sur les poids et dimensions des camions en Europe. Ce texte généralise le passage aux frontières des 44 tonnes (la limite est à 40 tonnes aujourd’hui), sous prétexte de favoriser l’électrification des camions en prenant en compte le poids des batteries. Pire, il autoriserait la circulation entre États de méga-camions de plus de 25 m de long (au lieu de 16,75 m actuellement) pouvant transporter jusqu’à 60 tonnes de marchandises. De telles autorisations pénaliseraient lourdement le fret ferroviaire, et engendreraient de multiples impacts sur la sécurité et le trafic routiers, la qualité de l’air et le climat.
MÉGA-IMPACTS POUR MINI-GAIN
Imaginez les dangers de circulation de ces mastodontes sur les routes, qui ne sont autorisés jusqu’à présent que dans une poignée de pays européens ! Le ralentissement dû au doublement de deux poids lourds de gabarit différent sur l’autoroute, les conflits avec des véhicules particuliers en sortie de bretelle autoroutière, avec des usagers vulnérables si les engins s’égarent sur des routes nationales – ou pire, départementales – pour achever leurs livraisons ou parce que l’autoroute est exceptionnellement fermée…
À cela s’ajoutent les impacts sur les infrastructures : déformation de la chaussée (orniérage), freinage, agrandissement des surfaces imperméabilisées pour les manoeuvres et le stationnement, résistance des ouvrages d’art… Des coûts colossaux, et redondants avec les investissements massifs déjà engagés pour le fret ferroviaire. Et ce, pour un gain anecdotique : électrifier les camions permettrait en effet de réduire de 10% les émissions de GES du secteur, tandis que le report modal vers le combiné et le transport ferroviaire permettrait une réduction de 90% de ces émissions
LE FRET FERROVIAIRE EN DANGER
La révision de la directive européenne est la porte ouverte au renforcement de la concurrence déloyale entre le routier et le fret ferroviaire et fluvial, les poids lourds payant proportionnellement moins de taxes pour l’usage des routes que les trains pour l’usage des voies. Résultat : une perte estimée à 21% pour la part modale du train dans le transport de marchandises, alors que le Green Deal prévoyait un doublement d’ici 2030 !
Le gain en énergie annoncé par les défenseurs de la mesure (20 % de carburant économisé par un méga-camion au lieu de deux poids-lourds avec la même charge) est sans commune mesure avec celui économisé par le fret ferroviaire qui peut aisément transporter l’équivalent d’une vingtaine de 44-tonnes, ou, proportionnellement à la charge transportée, par le fluvial. D’autant que, jusqu’en 2035 et au-delà, les méga-camions seront surtout des méga-diesel, puisque l’UE supprime jusqu’en 2035 l’obligation d’emprunter le réseau ferroviaire pour les poids lourds de 44 tonnes, électriques ou non, qui circulent entre deux pays.
France Nature Environnement appelle donc les eurodéputé·es à se prononcer contre la révision de cette directive Poids et dimensions, qui est un non-sens pour la transition écologique, la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation de notre santé et la sécurité des citoyen·nes.
COMMENT AGIR ?
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Contact : Mélinda Rolo, Animatrice du réseau Energie et du réseau Territoires-Mobilité Durable, Melinda.rolo@fne.asso.fr