La Fédération nationale des associations d’usagers des transports s’émeut d’une pratique de la SNCF consistant à stopper les ventes d’un train régional bien avant qu’il soit véritablement complet.
Depuis quelques années, notamment après le covid, les trains express régionaux (TER) connaissent un succès sans précédent.
De 2019 à 2023, leur fréquentation a augmenté de +33,7% à l’échelle nationale et est aujourd’hui largement supérieur à la situation d’avant-crise sanitaire, avec une augmentation de la fréquentation de +7,3% en 2023 et une tendance supérieure à +5% pour l’année 2024.
Un succès qui a peut-être son revers à cause d’une offre en places qui a moins vite augmenté selon les régions
Ainsi, après la polémique des expérimentations de réservation obligatoire dans ces trains, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) s’émeut aujourd’hui d’une pratique de la SNCF consistant à stopper les ventes d’un train régional bien avant qu’il soit complet afin d’éviter une trop forte affluence (avec des passagers par exemple obligés de voyager assis au sol).
La Fnaut regrette ainsi « une épidémie de trains complets » lors de la réservation.
Quand on achète un billet, « TER évalue le taux de remplissage, et détecte les afflux éventuels de passagers. La SNCF peut alors décider unilatéralement de stopper les ventes ‘pour des raisons évidentes de sécurité des personnes’, empêchant les passagers d’acheter un billet pour un train donné. Ce que la SNCF n’avoue pas, c’est qu’elle peut ainsi se dispenser d’augmenter la capacité du train », explique la fédération.
Des trains complets à 50% remplis
Surtout, il apparaîtrait que selon « de nombreux témoignages, ces trains « complets » ne le sont, en réalité, pas du tout. Avec parfois des taux d’occupation inférieurs à 50% des places assises. Pourquoi un tel rationnement, au détriment des usagers (qui ne peuvent plus voyager) mais aussi des Régions (qui perdent des recettes), et bien sûr de l’environnement (puisque confrontés au risque de train complet, les usagers qui le peuvent optent pour la voiture)? »
« En résumé, la SNCF panique dès qu’un train s’annonce à moitié rempli deux jours avant sa circulation! Une chose est certaine, rien n’est fait pour faire disparaître ce dysfonctionnement. Cette nouvelle contrainte pour prendre un simple TER n’est que le cache-misère d’une offre insuffisante », assène la Fnaut.
Interrogée, la SNCF ne conteste pas cette pratique. « SNCF Voyageurs effectue un suivi quotidien rigoureux de la fréquentation de nos TER, ce qui lui permet d’identifier les périodes de surcharge sur des trajets spécifiques, à des jours et heures déterminés. C’est uniquement dans ces cas précis que nous prenons la décision de fermer les ventes sur certains trains, afin de garantir un voyage dans les meilleures conditions possibles », nous explique-t-on.
0,5% de l’offre concernée estime la SNCF
« Cela concerne uniquement certaines lignes et/ou périodes bien particulières, comme par exemple en hiver, les trains desservant les stations de ski ; en été, les trains desservant les plages et les zones touristiques ; des événements particuliers ; des lignes à très forte fréquentation par exemple le week-end ou lors des vacances scolaires », poursuit l’opérateur.
Mais au global, la SNCF affirme que seulement « 0,5% de nos TER qui sont concernés par de telles mesures ponctuelles de fermeture des ventes ».
Et « de rappeler que, un billet TER étant valable toute la journée sur le trajet choisi, les voyageurs peuvent toujours emprunter un autre train s’ils le souhaitent ».
Or, pour la Fnaut,
Il arrive même que dans une même journée, tous les trains soient affichés « complet ». Ce qui empêche, de fait, l’achat d’un billet, sauf aux distributeurs automatiques, non encore concernés par ce contingentement ! Dès lors, comment fera l’usager si son TER affiche « complet » et qu’il en a impérativement besoin pour aller travailler et rentrer chez lui, surtout si son trajet n’est desservi que par trois allers-retours journaliers?
, s’interroge-t-elle.
Article paru dans BFM TV par par Olivier Chicheportiche