Selon Luc Lallemand, président de SNCF Réseau, interviewé par le magazine Ville, Rail & Transports, la décision du gouvernement de « consolider les dettes du gestionnaire d’infrastructure dans les comptes de l’Etat » restreindra l’autonomie de gestion de son entreprise et entravera la nécessaire rationalisation de son outil industriel.
La décision du gouvernement
Cette décision renforcera directement le double contrôle de SNCF Réseau par le ministre des Transports, qui pousse SNCF Réseau à accroître sa productivité, et par le ministre de l‘Économie, soucieux de l’équilibre des comptes publics : ces deux stratégies sont contradictoires.
Ainsi le nombre de postes d’aiguillages, au nombre de 2 200, que SNCF Réseau souhaite réduire à une vingtaine. Par comparaison l’Allemagne a lancé un vaste plan les faisant passer de 2 600 à 380, et la Belgique suit le même chemin pour en réduire le nombre de 365 à 11. Les investissements de SNCF Réseau similaires, indispensables pour rationaliser et fiabiliser l’exploitation des trains, pourraient être bloqués par le ministère de l’Économie puisque, dans un premier temps, ils accroitraient la dette de l’entreprise et donc celle de l’État.
Le rapport 2020 de la Cour des comptes
Ce rapport avait déjà souligné la nécessité pour l’État de « prendre en charge une partie des investissements de renouvellement et de modernisation » de l’infrastructure si SNCF Réseau ne parvenait pas à « mettre en œuvre les efforts de productivité qui lui sont demandés ». Dans cette hypothèse seraient compromis à la fois les efforts de relance du transport ferroviaire après la crise sanitaire, et les objectifs d’augmentation de sa part de marché, requis par le « Pacte Vert » européen pour une mobilité soutenable.
Ces perspectives sont plus qu’inquiétantes pour les voyageurs et les entreprises utilisant le rail. La Fnaut y voit le risque d’une détérioration de sa qualité de service. La Cour des comptes ne conclut pas autrement : « A défaut [des efforts de productivité pris en charge par l’État], SNCF Réseau devra réduire son niveau d’investissements, conduisant à une dégradation accrue de l’état du réseau et à une hausse des ralentissements et interruptions de trafic ».
La Fnaut demande que des assurances soient rapidement apportées par le gouvernement sur la pérennité des investissements de productivité du réseau ferroviaire et la confirmation de SNCF Réseau comme moteur de la modernisation des infrastructures, conditions indispensables pour garantir l’avenir du chemin de fer en France et en Europe, et les objectifs de neutralité carbone en 2050. Cette contribution de l’État est devenue une évidence, particulièrement en Allemagne, en Espagne et en Italie.
Contacts presse :
– Bruno Gazeau, président de la Fnaut
– Michel Quidort, président de la FEV, membre du Bureau national de la Fnaut
– Jean Lenoir, vice-président de la Fnaut
– Dominique Romann, président de la Fnaut Pays-de-la-Loire