Les ministres de l’Ecologie et de l’Economie souhaitent une baisse des péages autoroutiers, et le laboratoire d’idées Terra Nova envisage même une baisse de 50 % : une telle perspective est incompatible avec l’indispensable « transition énergétique ».
La rente autoroutière est injustifiée
Suite aux rapports de la Cour des Comptes et de l’Autorité de la Concurrence, l’existence de la rente dont bénéficient les sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA) depuis leur privatisation en 2004 est aujourd’hui reconnue.
Cette rente n’est pas justifiée économiquement, il est donc légitime que l’Etat la récupère, par exemple en imposant une taxe exceptionnelle aux groupes actionnaires des SCA.
Une baisse des péages serait dangereuse
Une baisse des péages, quelle que soit son ampleur, constituerait par contre un signal déplorable, car elle encouragerait les ménages à se déplacer davantage en voiture sur de longues distances, et les entreprises à se tourner davantage vers le transport routier que le projet d’écotaxe cherchait au contraire à maîtriser.
La hausse du trafic qui en résulterait inciterait à renforcer la capacité des infrastructures existantes, voire à construire de nouvelles autoroutes.
Par ailleurs, une baisse des péages donnerait à la route un nouvel avantage compétitif face au rail, déjà fragilisé par l’état inquiétant de ses infrastructures et par des conditions de concurrence inéquitables avec les autres modes de transports.
Négliger totalement ces effets pervers, c’est se cantonner dans une analyse économique étroite, limitée au système routier et dénuée de toute vision écologique.
La Fnaut demande au gouvernement de capter la rente autoroutière et de l’utiliser non pour baisser les péages mais pour investir dans les secteurs d’avenir – transport collectif urbain et rail – afin de réduire la dépendance pétrolière et de lutter contre le dérèglement climatique.