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Interview - La gestion des gares critiquée par la cour des comptes

20 Avr 2021

Bruo Gazeau était l’invité de France Inter : « impasse financière », qualité de service « à améliorer », engagement insuffisant de l’État… Le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des gares SNCF est très sévère.

 

 

La Cour des comptes publie ce mardi un rapport très sévère concernant la gestion des gares SNCF. L’entreprise « Gares et Connexions » qui en a la charge se trouve dans une « impasse financière », écrit la Cour, face aux besoins d’investissements qui se font de plus en plus massifs. Quant à la qualité de service à l’intérieur des gares, elle laisse à désirer.
Une offre de service très variable selon les gares

« Gares et Connexions » exploite et entretient plus de 3 000 gares sur le territoire métropolitain. Mais à défaut d’un cahier des charges précis qui fixe une liste de prestations auxquelles peut s’attendre le voyageur, la qualité de service est très fluctuante d’une gare à l’autre. Par exemple, alors que 95% des grandes gares proposent des services d’assistance aux personnes handicapées, il n’y a que 18% des petites gares en régions qui offrent cette prestation. Pas de wifi ni de consignes non plus sur le réseau secondaire, et des toilettes dans à peine un tiers des cas.

La filiale « Gares et Connexions » de la SNCF ne se donne pas des objectifs assez ambitieux, notamment en matière de propreté et d’hygiène, selon la Cour des Comptes qui estime que l’État et les régions pourraient fixer des objectifs quant au niveau de service qu’elles attendent, dans les contrats signés avec la société gestionnaire.

Pour un service semblable, la Cour remarque aussi des écarts importants dans le coût des prestations selon les gares. Ainsi, en 2019, le coût d’une prestation d’assistance pour une personne à mobilité réduite variait de 15,87 € à 62,41 € entre les très grandes gares. De même, le coût de la prestation de propreté en gare allait de 16,71 € à 89,24 € le mètre carré, décrit le rapport.
Une « impasse financière »

De même, la façon dont est calculée la redevance facturée aux transporteurs n’est pas assez « transparente » et trop « instable » pour la Cour. À Lyon Part-Dieu, par exemple, la redevance par départ/train s’établissait en 2020 à 106,10 € pour un train national, contre 197,94 € à Meuse TGV. Une « hétérogénéité des tarifs, qui n’est pas justifiée par des différences dans la nature des services offerts aux transporteurs dans les gares concernées », affirme le rapport.

Derrière ces manques, la Cour pointe un modèle économique à bout de souffle. Les ressources, provenant à la fois des transporteurs ferroviaires et des concessions commerciales dans les gares, viennent à manquer. Tandis que les besoins d’investissements, eux, augmentent fortement, 40% depuis 2014, du fait de nouvelles missions qui ont été transférées à « Gares et Connexions » : gestion des quais, des passerelles d’accès ou encore des grands halls de voyageurs.

Résultat : « Gares et Connexions » n’arrive plus à suivre. « Fortement dépendante des subventions versées par les collectivités, tout particulièrement par les régions, elle parvient aujourd’hui essentiellement à assurer l’entretien minimal des bâtiments et à respecter ses obligations légales en matière de mise en accessibilité », déplore la Cour.
Confier la gestion des petites gares aux régions

Pour sortir de cette « impasse financière », la Cour des comptes recommande de délester la filiale d’un certain nombre de petites gares. Leur gestion pourrait revenir aux Conseils régionaux, déjà organisateurs des horaires et des tarifs sur le réseau secondaire depuis 2012.

La plus haute juridiction administrative va même plus loin en envisageant un transfert de propriété aux régions. « Une telle évolution serait cohérente avec la réalité du financement des investissements dans ces gares, lequel est aujourd’hui largement pris en charge par les régions, alors même qu’elles n’ont pas décidé elles-mêmes ces investissements », analyse la Cour.

Si l’effort financier consenti par les collectivités territoriales est salué, l’État lui, est appelé à « assumer enfin ses responsabilités à l’égard du réseau des gares ». Le rapport déplore une « carence de l’État » qui « ne prend pas en charge le financement d’obligations dont il est pourtant responsable, pour un patrimoine qui lui appartient et dont Gares et Connexions n’est qu’affectataire ».

 

France Inter : La gestion des gares SNCF sévèrement critiquée par la Cour des comptes

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