Le 23 congrès de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), qui doit se tenir ce samedi à Mulhouse, s’annonce dominé par les nombreux défis qu’induit la régulière croissance du trafic transfrontalier. Un sujet d’une acuité particulière en Alsace.
Le 23 congrès de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) doit se tenir ce samedi 16 novembre de 9 h à 16 h 30 à la maison de la région Grand Est, à Mulhouse, en présence d’une centaine de participants. Deux tables rondes scanderont la journée, autour d’un thème unique : les politiques liées à la mobilité transfrontalière internationale, un enjeu d’abord envisagé à l’échelle hexagonale le matin, puis au niveau du secteur des Trois frontières (Mulhouse, Bâle et Fribourg) l’après-midi. Parmi les intervenants, Dimitri Berli, responsable du trafic international des chemins de fer fédéraux suisses (SBB-CFF) devrait faire « une annonce importante, susceptible de bouleverser le droit du voyageur » (pour le mieux).
La crainte d’un « scénario catastrophe »
La Fnaut ne place pas par hasard la question des mobilités transnationales au coeur de son congrès 2024. « Plusieurs compagnies ferroviaires européennes entendent faire entrer davantage de trafic en France », prévient le délégué régional de la fédération, Florent Manrique. « Si jamais on n’investit pas en conséquence dans l’infrastructure, on va connaître une période de conflits entre le fret et les trains de voyageurs d’ici 2030. En Alsace, l’axe Bâle-Strasbourg est déjà proche de la saturation, alors que les Suisses entendent y développer le fret, dans le cadre du corridor européen nord-sud qui relie les ports allemands et hollandais aux italiens… Près de 95 % de ce fret passe actuellement côté allemand, en cours de conversion à deux fois deux voies. À notre sens, l’axe Bâle-Strasbourg, qui représente 50 000 à 55 000 usagers par jour, devrait lui aussi être doublé. »
Préoccupation similaire à propos du futur RER bâlois , dont la mise en service est attendue pour 2028 : « À partir de 2031, les TER actuels, les fameux TR200, ne pourront plus aller jusqu‘à Bâle, car les Suisses vont changer la tension électrique de leur réseau. La Région a déjà commandé de nouvelles rames compatibles, mais elle ne les recevra pas avant 2033 » La Fnaut craint un « scénario catastrophe », soit une rupture de charge longue de deux ans. « Comme on est en France, on va attendre le dernier moment pour agir, au lieu d’anticiper le problème », grince Florent Manrique. « À moins que Thibaud Philipps ne nous rassure… » Voilà qui tombe bien : le vice-président du Grand Est délégué aux transports figure parmi les intervenants annoncés de la deuxième table ronde de la journée.
Article paru dans L’Alsace, écrit par Emmanuel Delahaye