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Billet d'humeur du Président n°9 : succès/prolongation, ne manquez pas « Alstom : appelez-moi Désiré »

26 Déc 2025

Alors que les débats sur les transports s’intensifient, entre transition écologique, infrastructures vieillissantes et flambée des coûts, la question de la mobilité n’a jamais été aussi cruciale. François Delétraz, président de la Fnaut, livre chaque mois dans son « billet d’humeur », son regard incisif sur les défis et contradictions qui façonnent notre avenir en matière de déplacements. Ce mois-ci, c’est la création de le retard de la mise en service des futures rames TGV qui l’a inspiré.

Le succès de cette pièce de théâtre ne se dément pas. Avec le personnage clé des bons « boulevards » et des grands vaudevilles de Feydeau, Labiche ou même Delétraz (un lointain parent) : le célibataire qui affole le cœur des jeunes filles en âge de convoler, pour qui on organise les plus splendides réceptions et qui n’arrive… jamais.

Ici, il s’agit d’un train : le TGV M. C’est que, la SNCF, prenant conscience qu’elle aurait peut-être un jour besoin d’augmenter sa flotte (notamment après avoir envoyé à la casse à partir de 2013, 106 TGV, selon le cabinet Trans-missions, dans le but de réduire l’offre et… d’augmenter les prix), jugea certes un peu tard qu’il serait bon de passer commande.

Il lui fallait trouver un prétendant mais ils n’étaient pas légion à se presser au portillon. On lui suggère Alstom. La bonne SNCF se souvient encore du calvaire enduré lorsqu’elle avait choisi en 2014 d’acheter sept rames Siemens pour son Eurostar. Un lynchage à l’échelle nationale. En 2018, elle n’eut donc d’yeux que pour Alstom. Et le contrat de mariage est aussitôt conclu. 100 rames sont commandées et 15 en option – la SNCF a pu compter sur une subvention de l’Ademe pour la recherche et le développement de ce nouveau train. Et la livraison est prévue pour… 2023. « Je serai un époux parfait ! » promettait Alstom. Et comment ! La dot est alléchante : confort, design, sièges supplémentaires et, cerise sur le gâteau, un système moins énergivore… Tout pour plaire. Mais la belle SNCF avait oublié de demander son prénom au prétendant ! « Désiré » vient-elle d’apprendre à ses dépens. Ce serait d’ailleurs, le nom qu’on envisagerait de donner aux nouvelles rames de ce TGV M d’après des rumeurs au siège de la SNCF, situé à deux pas de l’académie de cirque Fratellini à Saint Denis.

L’idée pourrait sembler saugrenue. À bien y réfléchir, ce n’est pas plus ridicule que « Inoui », et c’est parfaitement « raccord » avec la réalité. Avec une pointe de cynisme :

…désirés, c’est exactement ce que sont devenus ces trains pour les passagers de France et de Navarre qui se morfondent.

Car les TGV sont pleins, en raison d’une offre largement insuffisante pour satisfaire la demande. Mais si les places sont rares, leur prix, eux, explosent : 73% d’augmentation en cinq ans pour OUIGO !

Dès lors, aurait pu poindre l’idée d’acheter du Hitachi, comme l’ont fait les Italiens de Trenitalia qui commencent à s’attaquer au marché français avec leur Frecciarossa ? Un matériel à un niveau donc moins capacitaire mais surtout moins confortable que le duplex à cause de sa motorisation répartie, mais cela aurait pu accentuer encore la désindustrialisation de la France. Attendons donc que sous les applaudissements Désiré apparaisse… Enfin.

Billet d’humeur n°9 (pdf)

Contact presse : Nina Soto, responsable communication et relations presse Fnaut : 07 67 78 06 24